Décarbonation en entreprise : comprendre, agir et avancer avec la CCI
La transition écologique n'est plus une option pour les entreprises françaises, mais une nécessité stratégique.
Face à l'urgence climatique, aux nouvelles réglementations et aux attentes croissantes des clients, les PME et ETI doivent aujourd'hui mesurer, réduire et piloter leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
La décarbonation n'est pas qu'une contrainte environnementale : c'est un levier de compétitivité, une opportunité de réduire les coûts énergétiques et un facteur différenciant sur les marchés publics et privés. Pour structurer cette démarche complexe, les entreprises peuvent s'appuyer sur l'accompagnement des Chambres de Commerce et d'Industrie (CCI).
Dans cet article, vous allez :
- Comprendre les enjeux de la décarbonation,
- Maîtriser la méthodologie des Scopes 1, 2 et 3,
- Découvrir l'accompagnement proposé par les CCI,
- Identifier les actions concrètes à déployer dans votre entreprise.
Qu'est-ce que la décarbonation et pourquoi est-elle devenue stratégique ?
La décarbonation désigne l'ensemble des actions visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) et autres gaz à effet de serre générées par une activité économique. L'objectif est de progresser vers un modèle moins énergivore, plus sobre en ressources fossiles et compatible avec les engagements climatiques nationaux et internationaux.
Des obligations réglementaires de plus en plus contraignantes
Depuis 2010, certaines entreprises sont soumises à l'obligation de réaliser un bilan d'émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Depuis 2023, les entreprises de plus de 500 salariés sont tenues de réaliser un bilan carbone complet incluant le Scope 3, avec des amendes pouvant atteindre 10 000 euros en cas de manquement.
Cette pression réglementaire s'étend progressivement.
La directive CSRD, entrée en vigueur le 1er janvier 2024, oblige toutes les entreprises de plus de 250 salariés et les PME cotées en bourse à réaliser un BEGES à partir de 2025.
Les entreprises plus petites sont également concernées.
Des bénéfices concrets au-delà de la conformité
La décarbonation ne se résume pas à cocher des cases réglementaires. Elle représente des avantages concrets pour les entreprises :
- Réduction des coûts énergétiques
Le potentiel d'économies d'énergie est évalué à 20% via le déploiement de techniques comme l'éclairage LED, l'automatisation des systèmes et l'isolation des bâtiments.
- Accès aux financements et marchés
Les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) influencent de plus en plus les décisions d'investissement et l'attribution des marchés publics. Les entreprises engagées bénéficient d'un avantage compétitif.
- Attractivité et image de marque
Selon une enquête de CCI France (janvier 2024), 74% des Français recommanderaient une entreprise engagée en matière de RSE, et 68% consommeraient davantage ses produits ou services.
- Résilience face aux risques climatiques
Anticiper la hausse du prix du carbone et les perturbations liées au changement climatique permet de sécuriser l'activité à long terme.
Un enjeu particulier pour certains secteurs
Tous les secteurs ne sont pas égaux face à la décarbonation.
L'industrie, les transports, l'emballage et la restauration figurent parmi les activités où les marges de progression sont importantes. Pour le secteur de l'emballage alimentaire notamment, la pression s'intensifie avec la loi AGEC qui interdit progressivement les plastiques à usage unique dans la restauration et pousse fabricants comme clients à repenser leurs approvisionnements.
Comprendre les Scopes pour mesurer ses émissions
Pour piloter efficacement sa décarbonation, il faut d'abord savoir d'où viennent les émissions.
La méthodologie internationale du GHG Protocol classe les émissions en trois catégories appelées "Scopes".
Chacune répond à une logique différente et appelle des actions spécifiques.
Scope 1 : les émissions directes de l’entreprise
Il s’agit des émissions directement générées par l’activité, telles que :
- Chauffage au gaz ou au fioul des locaux
- Véhicules de service et de livraison (essence, diesel)
- Process industriels utilisant des combustibles fossiles
- Fuites de gaz réfrigérants (climatisation, chambres froides)
Exemples d’actions possibles
- Optimisation ou remplacement du système de chauffage (pompe à chaleur, meilleure isolation…)
- Passage progressif à une flotte de véhicules moins émetteurs ou électriques.
- Mise en place de solutions d’économie d’énergie dans l’atelier ou l’entrepôt.
- Suivi régulier des consommations pour identifier les dérives.
Chez Ositeck, notre réflexion sur les moyens de transport, le chauffage et l’organisation logistique permet déjà d’identifier des pistes de réduction significatives
Scope 2 : les émissions liées à l’énergie
Même si elles ne sont pas directement produites par l’entreprise, elles proviennent de l’énergie achetée (électricité, chauffage urbain, ventilation).
Exemples d’actions possibles
- Passer à un fournisseur d’électricité renouvelable ou à faible facteur carbone.
- Installer des éclairages LED basse consommation.
- Repenser l’occupation des espaces pour limiter la consommation inutile.
- Mettre en place des dispositifs automatiques : détecteurs de présence, extinction programmée, etc.
Ces actions sont souvent les plus rapides à déployer et apportent des résultats concrets dès la première année.
Scope 3 : toute la chaîne de valeur
Le Scope 3 est le plus complexe et souvent le plus impactant.
Il englobe toutes les émissions indirectes générées en amont et en aval de l'activité de l'entreprise.
En amont :
- Achats de matières premières et leur transport
- Fabrication des équipements et machines utilisés
- Énergie grise des bâtiments et infrastructures
- Services externalisés (nettoyage, maintenance, conseil...)
En aval :
- Transport et distribution des produits vers les clients
- Utilisation des produits par les clients finaux
- Fin de vie : recyclage, valorisation, élimination
Pour un fabricant d'emballages alimentaires par exemple, le Scope 3 inclut l'extraction et le transport des matières premières (carton, pulpe de canne...), le transport des produits finis vers les restaurateurs, et la fin de vie des emballages après usage.
C'est pourquoi le choix de matières biosourcées, de circuits courts et de solutions compostables ou recyclables a un impact direct sur le bilan global.
L’accompagnement de la CCI
Pour éviter de naviguer à vue, il est possible de se faire accompagner par la CCI.
Les Chambres de Commerce et d'Industrie ont développé des dispositifs d'accompagnement adaptés aux TPE et PME, avec un outil dédié : LISE.
1. Diagnostic énergétique et carbone
Il s’agit d’une analyse complète des consommations et émissions de l’entreprise.
La CCI aide à :
- quantifier les émissions Scope 1, 2 et 3
- identifier les postes les plus émetteurs,
- comprendre les enjeux spécifiques à notre secteur d’activité.
2. Recommandations personnalisées
Chaque recommandation est évaluée selon plusieurs critères :
- Faisabilité technique : l'action est-elle réalisable avec les moyens actuels de l'entreprise ?
- Budget nécessaire : quel investissement initial faut-il prévoir ?
- Impact carbone réel : combien de tonnes de CO₂ peuvent être économisées ?
- Délai de mise en œuvre : peut-on agir rapidement ou s'agit-il d'un projet à moyen terme ?
Cette approche permet d’éviter les initiatives dispersées et inefficaces.
3. Construction d’un plan d’action structuré
Le plan d’action est essentiel pour avancer. Il inclut des objectifs chiffrés, une feuille de route, des indicateurs de suivi, et parfois même un accompagnement financier via des aides publiques.
4. Suivi et amélioration continue
Cette phase permet de :
- Vérifier que les économies d'énergie prévues sont bien au rendez-vous
- Identifier de nouveaux gisements de réduction
- Adapter le plan si certaines actions s'avèrent moins efficaces que prévu
- Préparer progressivement un éventuel Bilan Carbone® complet incluant le Scope 3
Le rapport obtenu est exploitable pour valoriser la démarche auprès des clients, investisseurs, partenaires ou donneurs d'ordre GHG Protocol, ce qui renforce l'intérêt commercial de l'engagement.
Des actions concrètes pour réduires ses Scopes
Un plan d’action efficace combine des mesures simples, rapides à mettre en place, et des projets plus structurants. Voici des actions types que l’on peut retrouver dans une entreprise, classés par catégorie.
Réduction des consommations énergétiques
- Optimisation des systèmes de chauffage et de refroidissement.
- Passer à l’éclairage LED basse consommation
- Installation de détecteurs de présence
- Amélioration de l’isolation thermique
Mobilité et logistique
- Renouvellement progressif de la flotte véhicule.
- Optimisation des trajets de livraison.
- Sensibilisation des équipes à l’éco-conduite.
- Collaboration avec des partenaires logistiques engagés
Bâtiment et aménagement
- Réduction des déperditions thermiques.
- Amélioration de l’isolation.
- Réaménagement des zones d’entreposage pour limiter les déplacements internes.
Implication des équipes
- Formation aux écogestes.
- Mise à disposition d’outils pour suivre les consommations.
- Communication interne régulière sur les progrès réalisés
Choix des fournisseurs et matières
Même si cela touche davantage le Scope 3, il est impossible de l’ignorer dans une démarche globale :
- privilégier des fournisseurs locaux et engagés,
- travailler avec des matériaux recyclables ou compostables,
- favoriser l’éco-conception de produits.
C’est d’ailleurs une démarche déjà bien ancrée chez Ositeck, notamment via l'utilisation de pulpe de canne à sucre, de carton certifié FSC/PEFC et de fournisseurs français.
Focus secteur : décarbonation dans l'emballage alimentaire
Le secteur de l’emballage alimentaire est aujourd’hui au centre de fortes attentes environnementales. Entre les lois qui limitent progressivement les emballages plastiques, les exigences des clients et la nécessité de garantir l’hygiène, les fabricants doivent revoir leurs matériaux et leurs modes de production.
Un cadre réglementaire de plus en plus strict
La loi AGEC, entrée en vigueur en 2020, impose une réduction de 20% des emballages plastiques à usage unique d’ici 2025, dont la moitié grâce au réemploi.
L’objectif final est clair : supprimer totalement ces plastiques d’ici 2040.
De nombreuses interdictions sont déjà en place : pailles, couverts jetables, touillettes, boîtes en polystyrène…
Pour la restauration commerciale, le plastique jetable doit déjà être fortement réduit, et les emballages réutilisables deviennent la norme, en particulier pour la vente à emporter. Selon l’Ademe, ces mesures pourraient éviter 130 000 tonnes d’emballages jetables par an.
L'impact pour les clients professionnels
Les restaurateurs, traiteurs et acteurs de la restauration collective sont directement concernés par les choix de leurs fournisseurs d'emballages.
Lorsqu'un restaurant achète des assiettes, des plateaux-repas ou des barquettes, ces emballages entrent dans leur Scope 3 (achats de biens et services).
Opter pour un fabricant engagé dans la décarbonation permet donc mécaniquement de réduire leur propre bilan carbone.
Au-delà de l'aspect réglementaire, cet engagement devient un argument commercial. Les appels d'offres publics et privés intègrent de plus en plus de critères RSE et environnementaux.
Pouvoir justifier d'un approvisionnement en emballages bas carbone, certifiés et traçables constitue un avantage compétitif tangible.
Certains fabricants, à l'image d'Ositeck (92/100 à son test RSE), ont déjà structuré leur démarche. L'utilisation de pulpe de canne à sucre, de carton certifié FSC/PEFC et le choix de fournisseurs français font partie des actions concrètes qui permettent de proposer une offre cohérente avec les attentes du marché.
Pour conclure
La décarbonation est une opportunité.
Grâce à l’accompagnement de la CCI, nous avons pu structurer notre approche, identifier les actions prioritaires et engager des changements concrets.
Chaque entreprise peut agir, quel que soit son secteur ou sa taille.
L’essentiel est de commencer : mesurer, comprendre, agir, et progresser.
Ositeck continuera à partager ces avancées avec ses partenaires et clients, dans une logique de transparence et d’amélioration continue.